Meurtres pour Rédemption, de Karine GIEBEL

Publié le par Jacques Saussey

MPR

 

Marianne est jeune, et elle a tout pour elle. Issue d’une famille très aisée, jolie, mince, athlétique, elle a plongé adolescente dans le sport pour trouver un sens à sa vie. Sa vie qu’elle n’imagine pas figée dans la maison familiale, où l’ennui et le conformisme la rongent, entre ses grands-parents qui se demandent comment élever cette rebelle insoumise qui leur échappe de plus en plus, dont ils ont hérité après la mort de ses parents dans un accident d’avion.

À force d’acharnement, Marianne a atteint le meilleur de la compétition junior en karaté. Elle a frôlé l’admission en équipe de France. Jusqu’à ce qu’elle se heurte au veto de ses grands-parents. Elle n’entrera pas en sport-études. Elle fera son cursus universitaire, comme tous les De Gréville avant elle.

Marianne ne supporte pas qu’on lui refuse ce pour quoi elle s’est tant battue. Elle fugue, fait des rencontres hasardeuses, puis elle commet l’irréparable. Une agression sur un vieil homme qu’elle frappe jusqu’à le tuer pour lui voler son argent. Prise en chasse par la police, Marianne voit son compagnon mourir sous les balles de leurs poursuivants. Grisée par la peur et la haine, elle fait le geste de trop et abat un policier à bout portant, blessant grièvement sa jeune collègue enceinte.

Le jugement sera sans appel. Perpète. Dont une peine de sûreté incompressible de 22 ans. Autant dire le bout du monde, quand on a à peine vingt ans.

Et pour une tueuse de flic, la vie en prison devient rapidement un véritable enfer. D’autant que Marianne sait se défendre, et qu’elle ignore ce que plier veut dire.

Au fond du puits noir de la captivité, encerclée de murs de béton, de barbelés et d’hommes en armes perchés sur des miradors, Marianne va sombrer dans l’horreur la plus totale. Et elle va tuer encore, simplement pour sauver sa vie.

Son cas est désespéré. Elle va tout subir. De la part des matons, qui vont vouloir venger l’un des leurs, de la part d’autres prisonnières, pour lesquelles chaque mètre carré, chaque regard est une lutte à mort, de la part d’elle-même aussi, dont la conscience résonne parfois d’un « pourquoi je les ai tués ? »

Marianne traverse les flammes de la détention en passant par toutes les douleurs, par toutes les humiliations, par toutes les peurs. Mais elle se redresse toujours, même en lambeaux, même cassée, par la seule force de sa volonté.

À bout d’espoir, brisée moralement et physiquement, malgré la présence d’un allié improbable à ses côtés, le « chef » Daniel, Marianne finit par perdre tout espoir de sortir de la centrale vivante. L'héroïne devient sa plus fidèle compagne.

Jusqu’au jour où on la demande au parloir. Jusqu’au jour où un inconnu va lui faire la plus vénéneuse des propositions. Sa liberté. Sa liberté contre un travail. Pour sa rédemption. Elle doit choisir. Tuer à nouveau, ou finir sa vie entre ses murs qu’elle abhorre.

La première graine d’un souffle nouveau vient de lui être plantée dans le cœur. Et chaque jour qui va passer va devenir une nouvelle torture…

 

Impossible de fermer l’œil plusieurs jours de suite, jusqu’à épuisement et abandon de la lutte. Impossible de ne pas se jeter sur ce maudit bouquin dès qu’une minute libre se profilait à l’horizon.

 

« Meurtres pour rédemption » n’est pas un polar. Ce n’est pas un thriller. C’est un vrai coup de pied dans le ventre. Un vrai coup de poing dans la tronche. Un de ceux qui vous laissent le souffle court, recroquevillé sur votre livre, prêt à mordre le premier qui va vous parler avant que vous n’ayez fini votre lecture.  

Ce roman n’est assurément pas à mettre entre toutes les mains. Si vous cédez néanmoins à l’appel des sirènes, c’est une véritable boîte de Pandore que vous allez déchaîner. L’un des plus haletants, des plus terrifiants romans que j’aie pu lire.

Une sacrée réussite, qui propulse Karine Giébel dans le cercle très fermé des meilleurs auteurs français contemporains.

À NE PAS MANQUER !!!

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B
Il est dans ma biblio mais toujours pas lu. Je sais, je sais, je rame grave. Je ne m'en sors plus et je ne sais plus quoi choisir. Bah tu me diras, c'est mieux que de n'avoir rien à lire :P
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J
<br /> <br /> Chère Belledenuit, lorsque tu auras mis le nez dans ce roman, tu auras du mal à penser à autre chose jusqu'à ce que tu en sois arrivée au terme. Terrifiant, addictif, et écrit à la perfection.<br /> Une montée en flèche dans l'angoisse comme j'en ai rarement lu. Un vrai monument, je n'exagère absolument pas... ;)<br /> <br /> <br /> <br />